1 - A l'époque archaïque, les Grecs n'avaient pas commencé à donner à leurs dieux une figure humaine; Hermès était vénéré tantôt sous la forme d'un tas de pierres ramassées  dans les champs et servant de repères aux voyageurs, tantôt sous forme phallique.

Peu à peu, ces hermès - bornes subissent une transformation essentielle : une tête à forme humaine surmonte la colonne phallique qui s'équarrit et devient quadrangulaire.

A mesure que ce type de représentation se précise, l'usage des hermès se répand de plus en plus et devient envahissant. Marquant les frontières et limitant les propriétés, ces bornes pittoresques se trouvaient également en bien d'autres lieux : devant les temples, près des tombeaux, dans les bibliothèques et dans les cours des maisons.

HERMÈS BICÉPHALE DE FRÉJUS

Moulage du Musée du LOUVRE

Art Gréco-romain
Époque d'Auguste ?

H : 0,20 - L : 0,13 - P : 0,12

Réduction en résine

 

Devenu depuis 1993, l'emblème de la Ville de Fréjus

 

Jeune Faune caractérisé par les attributs caprins

Hermès ou Dionysos barbu
 

2 - Trouvé en 1970 dans les fouilles d'un quartier romain de Fréjus ( le Clos de la Tour, Insula I), près d'un important édifice à péristyle et exèdres, ce buste est une heureuse exception dans la série relativement abondante et généralement médiocre des Hermès doubles de production hellénistique et romaine. L'artiste a adroitement associé, en les opposant,deux divinités agrestes couronnées de fleurs. D'une part, un jeune Faune caractérisé par les attributs caprins, et dont les traits accusent sans outrance le tempérament folâtre et l'esprit malicieux; d'autre part, un Hermès ou Dionysos barbu, empreint d'une olympienne majesté, dont le regard "insondable" est souligné par un fin sourire de kouros archaïque.

On peut reconnaître dans ce groupe à la fois sévère et badin la dyade HERMÈS - PAN, dieux champêtres confondus en pays latin avec Terminus et Faunus, mal distingués d'ailleurs de Priade et Sylvain. l'hymne homérique à Pan (XVII) et Hérodote (II,145-146) fond du Chèvre - pied un fils d'Hermès. Cette étroite parenté et des fonctions pastorales très voisines ont pu favoriser la réunion sur un même pilier des deux principaux dieux arcadiens. Toutefois, la confusion fréquente dès la Haute Antiquité entre les types très voisins de Dionysos et d'Hermès, l'assimilation du thème, très répandu' du Satyre assesseur de Bacchus, peuvent laisser planer quelque doute. Il manque seulement à Dionysos, pour le préférer à Hermès, la couronne de lierre qui le distingue habituellement dans le cortège des dieux à longue barbe.

Quoi qu'il en soit, le goût latin pour les "Janus", une mode volontiers archaïsante, et le rétablissement des fêtes des carrefours (compitales) par Auguste, approuvent assez bien le choix de l'association et le beau style de cette sculpture.

Importée à Fréjus, Forum Julii, l'ure des portes des Gaules, par la voie de la colonisation, cette oeuvre d'art a pu décorer le jardin d'une riche villa urbana, à moins qu'elle ait appartenu à un édifice public, palestre ou marché. Héritière, à bien des égards, de la plus pure tradition hellénique, il ne lui manque, en vérité qu'une signature grecque.

Source des textes ci-dessus :
1 - Extrait du Bulletin explicatif de l'Hermès de Fréjus, "Genèse des Hermès" (par le Service Archéologique de la Ville).
2 - "Éditions de la Réunion des Musées Nationaux".

Mosaïque de 52 x 42 cm représentant l'Hermès bicéphale de Fréjus, entouré d'une frise ondée évoquant l'aspect maritime de la cité romaine.

Réalisée en 2001 par Vito Valenti en galets volcaniques des massifs cristallins des Maures et de l'Estérel.

   

 

 

Médaille en bronze de la Ville de Fréjus à l'effigie de l'Hermès bicéphale.
Réalisée par la M0NNAIE DE  PARIS

Diamètre  : 68 mm
Épaisseur :   6 mm
Poids        : 200 gr

 

 

D' AUTRES  EXEMPLES  D'HERMÈS  BICÉPHALE

HERMÈS DOUBLE DE NYON représentant Bacchus et Ariane

La Cité Romaine de Nyon est située en Suisse, sur les bords du lac Léman à 22 kilomètres au nord-est de Genève.

Première Colonie fondée par les romains entre 50 et 44 av.J.C. , destinée à accueillir, au lendemain de la guerre des Gaules, les vétérans de l'armée de César, vraisemblablement des cavaliers si l'on en juge par son surnom de Colonia Iulia Equestris.

Un double Hermès représentant Bacchus et Ariane devait orner un pilier dans le jardin d'une villa au bord d'un grand bassin. (Musée Archéologique de Nyon).

Origine du texte et photos : DOSSIERS D'ARCHÉOLOGIE N°232 - AVRIL 1998 - NYON (photos A.Moccia)

Un HERMÈS BICÉPHALE méconnu, localisé à Marseille

  A la  page 143 du livre  sur la Provence, écrit en 1967 par Pierre Waleffe et  Marie Mauron, figure la photo reproduite ci-contre, d'un hermès bicéphale, avec comme seule explication :

Pythéas et Euthymènes, explorateurs grecs de Marseille (Cl. M. Mauron)

Il s'agit probablement d'une découverte dans la cité phocéenne après l'atroce bombardement des quartiers du  Vieux-Port en 1943.

Pythéas : explorateur massaliote, atteint l'Islande et le Groenland au IIIe siècle av.J.C. (route d'Himilcon)

Euthymènes : explorateur massaliote, atteint les cotes du Sénégal et le golfe de Guinée au tournant des Ve et IVe siècles av.J.C. (route d'Hannon)

 

Dernière mise à jour : jeudi 21 février 2008

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